Le locotracteur Elin-Union
1. Qui est ELIN-Union ?
ELIN (pour ELIN-Union für elektrische Industrie) était à l’Autriche ce que Siemens est à l’Allemagne ou ce que Alsthom (à l’époque) était à la France. Basée à Vienne, c’était une entreprise majeure de génie électrique.
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Leur rôle ferroviaire : Historiquement, ELIN ne construisait généralement pas la partie mécanique (châssis, caisse, essieux). Ils s’associaient à des constructeurs comme SGP (Simmering-Graz-Pauker), Jenbacher ou Lohner.
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Leur signature : ELIN fournissait toute la « chaîne de traction » : les moteurs électriques, les transformateurs, les pantographes et, point crucial pour votre sujet, les systèmes de commande et d’automatisme.
2. La spécialité « Industrielle » et Minière
Contrairement aux grandes locomotives de ligne (bien qu’ils aient équipé les célèbres « Crocodiles » autrichiennes série 1189), ELIN a développé une forte expertise dans le matériel industriel spécifique :
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Locomotives de mines et de tunnels : Matériel compact, puissant, souvent électrique (caténaire ou batterie).
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Environnements hostiles : Leurs équipements étaient conçus pour résister à la poussière de charbon, à l’humidité et aux chocs violents.
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Le « Sur-mesure » : Les Houillères (HBD) avaient des besoins très spécifiques (gabarit, puissance de décollage pour des rames lourdes, automatisation). Il est probable que ce locotracteur soit une commande spéciale ou une petite série adaptée, et non un modèle catalogue standard.
3. Pionniers de la télécommande
C’est ici que le logo ELIN sur votre photo prend tout son sens. Dans les années 70 et 80, ELIN (et l’industrie germanique en général) était en avance sur la télécommande industrielle par radio.
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L’innovation : Mettre au point un système fiable capable de gérer la traction et le freinage d’un convoi lourd à distance, sans latence dangereuse, était un défi technologique majeur à l’époque.
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Pourquoi ELIN ? Les HBD ont probablement choisi ELIN justement pour cette capacité à fournir un système « clé en main » de télécommande fiable pour le déchargement, là où les solutions françaises classiques de l’époque nécessitaient encore souvent un conducteur en cabine.
4. Hypothèse sur le locotracteur du SGLM
Concernant spécifiquement la « boîte orange » de Saint-Georges-de-Commiers :
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Type de construction : Il s’agit d’un locotracteur électrique industriel de manœuvre.
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Architecture : Le design très utilitaire (caisse parallélépipédique) suggère que la carrosserie est purement fonctionnelle, servant à abriter les armoires électriques volumineuses de l’époque (contacteurs, résistances ou hacheurs).
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Le constructeur mécanique : Si le logo ELIN est visible, il est possible que la partie mécanique ait été sous-traitée à une autre firme autrichienne (comme Jenbacher Werke – JW), car ELIN et Jenbacher collaboraient très fréquemment sur ce type de locotracteurs électriques (série Jenbacher Ameise par exemple, bien que le design diffère souvent).