Gare Peychagnard-Le Crey : L’arrêt fantôme du Petit Train de La Mure
Un chemin de fer industriel, indépendant des grands réseaux
Un chemin de fer industriel, indépendant des grands réseaux
| Catégorie | Description |
| Nom Officiel | Gare de Peychagnard – Le Crey |
| Type de Bâtiment | Ancienne gare ferroviaire (type halte) |
| Localisation | Commune : Peychagnard
Lieu-dit : Le Crey Territoire : Plateau Matheysin Département : Isère |
| Ligne Ferroviaire d’Origine | Chemin de fer de Saint-Georges-de-Commiers à La Mure (SGLM) |
| Époque de Construction | Fin du XIXe siècle |
| Dates Clés | • 1888 : Mise en service de la ligne.
• 1950 : Arrêt du transport de voyageurs. • 1997 : La ligne devient une attraction touristique (« Le Petit Train de La Mure »). • 26 octobre 2010 : Éboulement rocheux majeur, entraînant la fermeture. • 2011 : Fermeture définitive de l’exploitation touristique historique. • Juillet 2021 : Réouverture du « Petit Train de La Mure » sur un tracé modifié et plus court. |
| Fonction d’Origine | • Halte pour les voyageurs.
• Gare de marchandises pour le transport de l’anthracite. |
| Caractéristiques de la Ligne | • Type : Ligne historique à voie métrique (écartement d’un mètre).
• Énergie : L’une des premières lignes électrifiées au monde (courant continu). |
| État Actuel | Pour la gare de Peychagnard :
• Le bâtiment a été transformé en habitation privée. Pour la ligne « Petit Train de La Mure » : • Le train touristique circule à nouveau depuis 2021 sur un tronçon différent (entre la gare de La Mure et le Belvédère de Monteynard). |
| Point d’Intérêt | Témoin de l’histoire industrielle et touristique du plateau matheysin, elle illustre la partie aujourd’hui disparue de l’exploitation de la ligne historique. |
L’histoire de la gare de Peychagnard-Le Crey est indissociable de celle des mines de houille de La Mure. Inaugurée en 1888, la ligne de Saint-Georges-de-Commiers à La Mure est une création unique en son genre. Contrairement aux grandes lignes de l’époque, elle n’a pas été conçue par une grande compagnie comme le PLM, mais fut une initiative privée des Houillères du Dauphiné. Son unique objectif : créer une artère vitale pour transporter le précieux charbon du plateau matheysin vers la vallée pour qu’il soit expédié dans toute la France.
Retour aux origines industrielles du SGLM ! L’imposant quai à charbon de la gare du Peychagnard – Le Crey, tel qu’il était en 2006.
Dans ce dispositif industriel, la gare de Peychagnard-Le Crey n’était pas une simple halte. Elle jouait un rôle capital et très spécifique. En effet, elle était équipée d’un quai de chargement dédié au charbon extrait de la mine voisine du Peychagnard. Les wagonnets arrivaient directement de la mine pour déverser leur « or noir » dans les trains. La gare servait donc à la fois de point de collecte local et de gare de croisement pour les convois massifs qui descendaient vers Saint-Georges-de-Commiers, assurant la fluidité de cette ligne entièrement dédiée à l’activité minière.
La gare de Peychagnard-Le Crey est intimement liée aux mines de charbon locales, auxquelles elle était reliée par des plans inclinés. Son imposant quai à charbon surélevé, destiné au chargement des wagons, témoigne de cette connexion. Les installations comprenaient un bâtiment voyageurs et deux quais de marchandises (l’un couvert, l’autre découvert), révélant une activité intense. Le quai voyageurs, abrité, était pourvu de toilettes extérieures. On note également la présence d’un jardin potager, cultivé par le chef de gare qui logeait à l’étage du bâtiment.
Le plan de voies se composait de quatre voies : deux de passage et deux de service dédiées au chargement et au garage des wagons. Une bascule et une plaque tournante complétaient l’ensemble.
La gare fut initialement construite pour l’évacuation du charbon des mines du Peychagnard vers la gare de Saint-Georges-de-Commiers, constituant ainsi une artère industrielle vitale.
Les expéditions de charbon cessèrent en mars 1913. Ce déclin s’explique par la montée en puissance de l’exploitation minière voisine du Villaret. Par la suite, bien que ses infrastructures soient restées intactes pendant de nombreuses années, la gare perdit sa fonction de croisement des convois en raison de sa proximité avec celle du Villaret.
Il faut imaginer la vie grouillante qui animait ce lieu. Les wagonnets arrivaient depuis le plan incliné pour être déchargés dans les wagons de train, au milieu d’un va-et-vient constant de mineurs, d’hommes et de bêtes de somme, notamment les chevaux. De toute cette effervescence, nous n’avons hélas conservé aucun témoignage de l’époque, et encore moins de photos.
Construire un chemin de fer dans un tel relief relevait du défi. Pour s’adapter aux courbes serrées et aux pentes abruptes des Alpes, les ingénieurs ont opté pour une voie métrique (un écartement des rails de 1 mètre seulement, contre 1,435 m pour le réseau standard).
Plus remarquable encore, cette ligne fut l’une des toutes premières en Europe à être électrifiée dès 1903 ! Une véritable prouesse technologique pour l’époque, qui a permis d’augmenter la puissance des convois et de faire de la ligne de La Mure une référence en matière de traction électrique en montagne.
Après la Seconde Guerre mondiale, alors que l’activité minière décline inexorablement, la ligne entame une surprenante reconversion. Le transport industriel cède la place au tourisme : le mythique « Petit Train de La Mure » était né !
Dans cette nouvelle ère, la gare de Peychagnard-Le Crey perd sa fonction de chargement. Contrairement à d’autres gares de la ligne, elle ne devient pas une halte pour les voyageurs. Elle se transforme en un témoin silencieux, un repère emblématique que les touristes découvrent depuis les fenêtres du train.
Le convoi ralentissait souvent à son approche, non pas pour s’arrêter, mais pour laisser à chacun le temps d’admirer le panorama exceptionnel sur le Grand Serre et le massif du Taillefer. La vue depuis cet endroit restait l’un des points d’orgue du voyage. Le sifflement joyeux de la rame touristique avait remplacé le fracas des wagons de charbon, et la ligne est devenue l’une des attractions les plus populaires des Alpes, célèbre pour ses ouvrages d’art spectaculaires et ses paysages à couper le souffle.
Cette belle histoire a connu un coup d’arrêt brutal. Le 26 octobre 2010, un éboulement massif de la falaise a emporté une partie de la voie au niveau du viaduc de la Clapisse. Par miracle, aucune victime ne fut à déplorer, mais les dégâts étaient trop importants. L’exploitation du Petit Train de La Mure fut alors suspendue, plongeant la ligne et ses gares dans un silence qui semblait définitif.
Mais après une décennie d’efforts et de passion, l’épopée a connu une renaissance ! Le Petit Train de La Mure a repris du service sur une section limitée mais spectaculaire, allant de la gare de La Mure jusqu’au Grand Balcon, un belvédère aménagé juste avant la zone éboulée du viaduc de la Clapisse.
Que reste-t-il de ce passé glorieux ? Si le train passe à nouveau non loin, le destin de la gare elle-même est plus sombre. Autrefois vendue et habitée, la gare de Peychagnard-Le Crey est aujourd’hui à l’abandon.
Ses murs de pierre, témoins d’une intense activité, sont désormais silencieux et portent les cicatrices du temps. Les volets clos et la végétation qui reprend ses droits lui confèrent un charme mélancolique, celui d’un patrimoine brut, non restauré. Pour les randonneurs et les passionnés d’histoire ferroviaire, elle n’est plus une demeure entretenue, mais un véritable vestige. Elle offre une vision poignante de ce que fut la vie le long de cette ligne, une capsule temporelle qui symbolise à la fois la grandeur industrielle et la force de la nature qui finit toujours par reprendre sa place.
La gare de Peychagnard-Le Crey n’est plus en service, mais elle n’a pas cessé de raconter son histoire. Le passage du nouveau Petit Train de La Mure à proximité lui redonne une voix, rappelant à chaque voyageur le passé minier de la région. Sa silhouette, aujourd’hui figée dans l’abandon, nous rappelle avec encore plus de force qu’ici, sur les hauteurs de Susville, des hommes et des machines ont conquis la montagne.
1. Où se trouve exactement la gare de Peychagnard-Le Crey ?
La gare est située sur le plateau matheysin, au lieu-dit Le Crey, sur le territoire de la commune de Susville dans le département de l’Isère (38). Son altitude est de 933 mètres.
2. Peut-on visiter la gare de Peychagnard-Le Crey ?
Non, il est interdit et dangereux de pénétrer dans le bâtiment. La gare est une ancienne propriété privée qui est aujourd’hui à l’abandon. Vous pouvez cependant l’observer et la photographier en toute sécurité depuis l’extérieur, notamment depuis le sentier qui longe l’ancienne voie ferrée.
3. Le Petit Train de La Mure s’arrête-t-il à la gare de Peychagnard-Le Crey ?
Non, le nouveau train touristique passe devant la gare mais ne s’y arrête pas. La gare n’est plus en service. Elle constitue un « arrêt fantôme », un point de passage emblématique du parcours qui permet aux voyageurs d’apercevoir ce vestige de l’histoire minière de la ligne.
4. Pourquoi la gare de Peychagnard-Le Crey a-t-elle été construite ?
Elle a été construite en 1888 dans un but purement industriel. Sa fonction principale était le chargement du charbon extrait de la mine voisine du Peychagnard. Elle servait de point de collecte avant que le charbon ne soit transporté par train vers la vallée.
5. Pourquoi la gare est-elle aujourd‘hui à l’abandon ?
Avec la fin de l’exploitation minière, la gare a perdu sa fonction d’origine. Elle a été vendue après la Seconde Guerre mondiale et a servi d’habitation pendant de nombreuses années. Finalement désertée par ses derniers occupants, elle est tombée en désuétude et est aujourd’hui un bâtiment à l’abandon.
« Cette petite gare est donc un témoin précieux de l’héritage ferroviaire de la Matheysine... »
« …la gare du Peychagnard Le Crey est aujourd’hui abandonné sur le Petit Train de La Mure. »
« L’histoire de la gare de Peychagnard-Le Crey est indissociable de celle des mines de houille de La Mure. » (A venir)
« …ou à explorer les sentiers qui longent cette ancienne voie ferrée pour ressentir l’âme de ce patrimoine exceptionnel ! » (A venir)
« Pour préparer votre voyage et consulter les informations pratiques, rendez-vous sur le site officiel du Petit Train de La Mure.«
« La gare du Peychagnard le Crey est une excellente porte d’entrée pour découvrir les nombreux autres atouts touristiques de la région, comme le recommande l’Office de Tourisme de la Matheysine. »
« Pour une plongée encore plus profonde dans les détails techniques et historiques de la ligne, la page Wikipédia consacrée au Chemin de fer de la Mure est une ressource très complète. »
LAMMING, Clive. Les chemins de fer de montagne français. Les éditions du Cabri, 1983.
Cet ouvrage de référence offre une vision d’ensemble des lignes de montagne en France, dont celle de La Mure fait partie. Il permet de situer la ligne dans un contexte plus large et de comprendre les défis techniques spécifiques à ce type de chemin de fer.
GARDET, Dominique. Le petit train de La Mure : Le chemin de fer à l’assaut de la montagne. Éditions de l’Ormet, 2004.
Ce livre est spécifiquement consacré à l’histoire du chemin de fer de La Mure, de ses origines industrielles à sa transformation en attraction touristique. Il est susceptible de contenir des informations détaillées sur la gare de Peychagnard-Le Crey et son rôle dans l’exploitation minière.
VUILLET, Jean. Le chemin de fer de La Mure : Saint-Georges-de-Commiers – La Mure – Corps – Gap. La Régordane, 1997.
Un autre ouvrage de référence qui retrace l’histoire de la ligne SGLM. Il est reconnu pour la qualité de sa documentation et de son iconographie.
MESNARD, Jean. Les houillères du Dauphiné. Imprimerie Allier, 1961.
Pour comprendre la raison d’être de la ligne de La Mure, il est essentiel de se pencher sur l’histoire des mines de charbon du plateau matheysin. Ce livre constitue une source précieuse sur l’histoire économique et sociale de l’exploitation houillère dans la région.
BERGERET, Gaston. La houille en Dauphiné : étude sur le bassin de La Mure. Librairie A. Gratier & J. Rey, 1904.
Un ouvrage plus ancien qui offre une perspective historique sur le développement du bassin minier à l’époque même où la ligne de chemin de fer était en plein essor.
BERGERON, Louis. L’électrification des chemins de fer. J.-B. Baillière et fils, 1923.
Cet ouvrage d’époque permet de saisir l’importance et l’aspect novateur de l’électrification précoce de la ligne de La Mure, l’une des premières au monde à utiliser cette technologie en montagne.
PACCAGNELLA, Jean-Pierre. La voie métrique en France. Presses et éditions ferroviaires, 2002.
Une étude complète sur les chemins de fer à voie métrique en France, qui replace la ligne de La Mure dans le contexte plus large de ce type de réseau, souvent utilisé pour des raisons économiques et pour s’adapter à des reliefs difficiles.
Le site officiel du Petit Train de La Mure : https://www.trainlamure.com/
Fournit des informations actuelles sur l’exploitation touristique de la ligne, ainsi que des éléments historiques.
L’Office de Tourisme de la Matheysine : https://matheysine-tourisme.com/
Permet de replacer la ligne dans son contexte géographique et touristique.
Wikipedia – « Chemin de fer de la Mure »
La page Wikipedia consacrée au chemin de fer de La Mure est une bonne porte d’entrée pour une première approche et contient souvent une bibliographie qui peut orienter vers d’autres sources
Utilisez les touches de direction pour faire défiler les photos