La renaissance de la gare de La Mure a commencé par un acte radical : la démolition de son passé industriel pour faire place à l’avenir.
Patrimoine ferroviaire
Patrimoine ferroviaire
| Catégorie | Informations |
| Nom | Halte des Bethoux. |
| Localisation | • Commune : La Motte d’Aveillans.
• Région : Plateau Matheysin, Isère. |
| Ligne Ferroviaire | Chemin de fer de Saint-Georges-de-Commiers à La Mure (SGLM), plus connu sous le nom de « Petit Train de La Mure ». |
| Vocation Principale | Arrêt fonctionnel pour les mineurs de la mine des Bethoux. |
| Composition | • Un abri de quai sommaire en béton pour les voyageurs. |
| Dates Clés | • 1888 : Mise en service de la halte avec la ligne.
• 1950 : Fin du service voyageurs régulier. • 1988 : Arrêt de tout trafic suite à la fin de l’exploitation du charbon. |
| Statut Actuel | • L’abri en béton est à l’état de vestige.
• La halte n’est plus desservie et fait partie du nouveau tracé touristique. |
Avant sa métamorphose en 2020, la gare de La Mure n’était pas un simple bâtiment fonctionnel ; elle était l’héritière et le cœur vivant d’une épopée industrielle et humaine. Inaugurée à la fin du XIXe siècle, sa fonction première était indissociable de l’or noir de la Matheysine : le charbon. Artère vitale du bassin minier, elle était le point de départ du chemin de fer qui acheminait la précieuse houille vers la vallée et Grenoble. Parallèlement, elle assurait le désenclavement du plateau en transportant voyageurs, biens et nouvelles. Avec la fermeture des mines, la gare avait opéré une reconversion réussie, devenant le point de départ exclusif du Petit Train de la Mure, une attraction touristique de renommée internationale qui faisait vivre l’ensemble du territoire.
Sur le plan architectural, le bâtiment d’origine était un témoin classique et élégant de l’architecture ferroviaire de la fin du XIXe siècle pour les lignes d’intérêt local. Construit avec les matériaux de la région, il présentait une structure sobre, robuste et fonctionnelle : un soubassement en pierre de taille, un corps en maçonnerie et des encadrements de fenêtres et de portes soulignés par des briques rouges. Sa silhouette était simple, rectangulaire, coiffée d’une toiture à deux pans. Son élégance discrète était celle du travail et de la durabilité, loin des fastes des grandes gares métropolitaines, mais parfaitement intégrée à son environnement et à sa mission première.
Symboliquement, son importance était immense et dépassait de loin sa fonction. Pour la ville de La Mure, elle était une porte d’entrée, un monument familier et un symbole de la fierté matheysine, rappelant l’âge d’or industriel. Pour les cheminots, elle était bien plus qu’un lieu de travail. Elle était le bastion d’une culture et d’un savoir-faire uniques, liés à l’exploitation d’une des lignes les plus spectaculaires et techniques de France. Des générations de familles y avaient travaillé, tissant un lien affectif et identitaire très fort. La gare était le lieu de la camaraderie, de la transmission et de la mémoire vivante du rail. Sa fermeture brutale en 2010 suite à un éboulement a donc été vécue comme un véritable déchirement, laissant un bâtiment emblématique silencieux et un territoire orphelin de son plus grand ambassadeur.
En 2019, les habitants et les passionnés du Petit Train de La Mure ont vu les bulldozers entrer en action sur le site de la gare. Des bâtiments anciens, témoins de plus d’un siècle d’histoire industrielle, tombaient sous les coups des pelleteuses. L’émotion fut grande, les questions nombreuses. Fallait il s’inquiéter pour ce patrimoine ferroviaire unique en Isère ?
Rassurez vous : cette démolition n’était pas une fin, mais le spectaculaire coup d’envoi de la renaissance du Chemin de Fer de La Mure. Laissez moi vous expliquer pourquoi ce chantier, parfois perçu comme un crève-cœur, était en réalité une étape indispensable pour écrire le futur de cette ligne légendaire.
Voici les principaux acteurs de ce projet ambitieux :
Le Département de l’Isère : C’est le propriétaire de la ligne ferroviaire et de ses infrastructures, y compris la gare. C’est lui qui a décidé de relancer le projet après l’arrêt de l’exploitation en 2010 suite à un éboulement. Il a initié et piloté la procédure de délégation de service public (DSP) pour trouver un opérateur privé.
Le groupe EDEIS : Il s’agit de l’acteur majeur de la reconstruction. EDEIS, groupe français d’ingénierie et de gestion d’infrastructures, a remporté le contrat de délégation de service public pour une durée de 30 ans.
Son rôle : EDEIS a été le maître d’œuvre de l’ensemble des travaux. Il a financé une partie importante du projet, conçu le nouveau modèle touristique, supervisé la rénovation des rames, la sécurisation de la ligne et, bien sûr, la transformation complète de la gare de La Mure en un « Musée-gare ». Il est aujourd’hui l’exploitant du site.
Le projet, d’un coût total d’environ 40 millions d’euros, a été financé par un partenariat public-privé. Outre l’investissement d’EDEIS, les principaux financeurs publics sont :
Le Département de l’Isère : En tant que propriétaire, il a été le plus grand contributeur public.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes : La Région a massivement soutenu ce projet touristique majeur, le considérant comme un atout pour l’attractivité du territoire.
L’État : Via différents plans de soutien au développement des territoires de montagne et au tourisme.
La Communauté de communes de la Matheysine (CCM) : Les élus locaux se sont fortement mobilisés pour la renaissance du train, qui est un symbole et un moteur économique vital pour le plateau matheysin.
Architectes : Le projet de transformation de la gare a été confié à des cabinets d’architectes pour repenser les espaces, créer le musée, la boutique et l’espace de restauration. Le cabinet Atelier 17C Architectes a notamment été un acteur clé dans la conception du nouveau bâtiment.
Entreprises du BTP : De nombreuses entreprises locales et régionales du bâtiment et des travaux publics sont intervenues pour le gros œuvre, la rénovation, l’aménagement intérieur et les finitions de la gare.
La reconstruction de la gare de la Mure en 2020 est le fruit d’une collaboration complexe :
Le Département de l’Isère a été l’initiateur politique et le propriétaire.
Le groupe EDEIS a été le chef d’orchestre, l’investisseur privé et l’exploitant.
La Région, l’État et la Communauté de communes ont apporté un soutien politique et financier indispensable.
Les architectes et entreprises du BTP ont été les réalisateurs techniques du projet.
Pour comprendre ce chantier, il faut remonter le temps. En octobre 2010, un éboulement tragique mettait un point d’arrêt brutal à l’exploitation du Petit Train. S’ensuivirent des années de silence et d’incertitude.
Heureusement, sous l’impulsion du Département de l’Isère et de l’opérateur Edeis, un projet ambitieux a vu le jour : non pas simplement réparer la voie, mais réinventer entièrement l’expérience touristique. La gare de La Mure devait devenir la porte d’entrée moderne et accueillante de ce nouveau voyage. C’est dans cette optique de transformation que la décision de démolir certains bâtiments a été prise.
C’est la question la plus importante, et la réponse est rassurante pour tous les amoureux du patrimoine.
Le cœur de la gare, le magnifique bâtiment voyageurs de la fin du XIXe siècle, n’a JAMAIS été menacé. Bien au contraire, il a été au centre de toutes les attentions. Soigneusement préservé, il a bénéficié d’une rénovation complète pour retrouver sa splendeur d’antan et devenir le point d’accueil central pour les visiteurs d’aujourd’hui.
Ce qui a été détruit, c’est l’héritage de l’époque minière et industrielle de la ligne. Il s’agissait principalement de :
Vieux hangars et ateliers : D’imposantes structures métalliques et en brique qui servaient à l’entretien des locomotives et au stockage du matériel.
Remises et bâtiments annexes : Des constructions plus petites, ajoutées au fil des décennies, qui n’avaient plus de fonction dans le projet touristique moderne.
Cette décision, mûrement réfléchie, reposait sur trois piliers fondamentaux :
Le temps avait fait son œuvre. Ces bâtiments industriels étaient extrêmement délabrés. Leurs structures étaient devenues fragiles et ne répondaient plus à aucune norme de sécurité. De plus, la présence probable d’amiante rendait leur réhabilitation non seulement pharaonique en termes de coût, mais aussi complexe et risquée.
Pour transformer la gare en un pôle touristique attractif, il fallait de la place. La démolition a permis de créer les espaces vitaux pour :
Un nouveau centre technique moderne pour la maintenance des nouvelles rames panoramiques.
De vastes parkings pour accueillir les voitures et les bus de tourisme.
Des espaces d’accueil paysagers pour rendre l’arrivée des visiteurs agréable et fluide.
Historiquement, la gare était un outil industriel tourné vers le charbon. La démolition des hangars a symbolisé la transition de la ligne. C’était un acte fort pour marquer le passage d’une ère à l’autre : de l’or noir des mines à l’or vert du tourisme durable.
Analysons ce que ce parti-pris architectural nous dit.
Le fait de conserver, de restaurer et de mettre en valeur le bâtiment voyageur d’origine (fin XIXe siècle) est un acte fort. Il représente :
La Mémoire et l’Héritage : Ce bâtiment est le témoin de plus d’un siècle d’histoire industrielle et humaine de la Matheysine. C’est la mine, le charbon, la vie des « gueules noires », la connexion du plateau avec Grenoble. Le conserver, c’est refuser l’amnésie.
L’Authenticité : Il est l’âme du lieu, le point de départ de l’épopée du Petit Train. Il donne une légitimité et une profondeur historique au projet touristique moderne. Sans lui, le projet pourrait sembler artificiel.
L’Ancrage Territorial : Son style architectural (pierre, brique, toiture typique) l’inscrit physiquement et culturellement dans son territoire. Il est la « racine » du projet.
Les extensions contemporaines, avec leurs lignes épurées, leur usage du verre, du métal noir et du bois, incarnent la nouvelle vie du projet. Elles symbolisent :
L’Avenir et la Modernité : Le projet n’est pas un musée figé dans le passé. C’est une attraction touristique du XXIe siècle, tournée vers l’avenir. L’architecture moderne communique cette ambition.
La Transparence et l’Ouverture : Les grandes façades vitrées sont essentielles. Elles créent une connexion visuelle permanente entre l’intérieur (le musée, la boutique) et l’extérieur (les quais, les trains, le paysage). Elles invitent la lumière et symbolisent l’ouverture du projet sur son environnement et ses visiteurs. C’est une rupture avec les gares anciennes, souvent plus sombres et fermées.
La Fonctionnalité : L’architecture moderne est au service d’un nouvel usage. Elle permet de créer de grands volumes ouverts, nécessaires pour l’accueil du public, l’espace muséographique, la boutique et le restaurant. Le bâtiment historique, plus cloisonné, n’aurait pas pu répondre seul à ces besoins.
C’est ici que le génie du projet réside. Le choix n’a pas été de créer une imitation de l’ancien (ce qu’on appelle un pastiche, souvent jugé inauthentique en architecture) ni d’écraser l’ancien sous une structure disproportionnée.
Le contraste est un outil de mise en valeur mutuelle :
L’ancien sublime le nouveau : Le bâtiment historique donne son sens et sa légitimité à l’extension moderne.
Le nouveau sublime l’ancien : Par l’effet de contraste, les lignes épurées et les matériaux contemporains font ressortir la noblesse, la texture et les détails du bâtiment en pierre. La transparence des nouvelles parties permet même de voir l’ancien bâtiment « à travers », le transformant presque en une pièce de musée.
Ce dialogue peut être interprété comme une narration architecturale :
Le Passé (l’ancien bâtiment) : « Voici d’où nous venons, voici notre histoire. »
Le Présent (la jonction, la passerelle vitrée) : « Voici le moment de la transition, de la renaissance. »
Le Futur (l’extension moderne) : « Voici notre nouvelle ambition, notre nouvelle façon de vous accueillir pour vous raconter cette histoire. »
Ce parti-pris architectural est une métaphore de l’ensemble du projet du Petit Train de la Mure : honorer le passé pour construire l’avenir.
Ce n’est pas une rupture, car le projet moderne n’existerait pas sans l’histoire qu’il raconte. C’est un dialogue respectueux entre deux époques, une « greffe » contemporaine réussie sur un corps historique. L’architecture exprime la résilience d’un territoire qui ne renie pas son passé industriel mais qui a su se réinventer en capitalisant sur son patrimoine pour créer une nouvelle dynamique économique et touristique. C’est un message d’optimisme et d’intelligence territoriale, traduit dans la pierre, le verre et l’acier.
1. Le bâtiment principal de la gare de La Mure a-t-il été détruit ?
Non, absolument pas. Le bâtiment voyageurs historique, qui date de la création de la ligne, a été soigneusement préservé et entièrement rénové. Il est aujourd’hui la pièce maîtresse du site d’accueil des visiteurs et a retrouvé toute sa splendeur d’antan.
2. Alors, quels bâtiments ont été démolis exactement en 2019 ?
Les bâtiments détruits étaient principalement des structures industrielles annexes datant de l’époque de l’exploitation minière :
De vieux hangars métalliques.
Des ateliers d’entretien devenus obsolètes.
Des remises et autres petites constructions sans valeur patrimoniale majeure.
3. Pourquoi avoir pris la décision de démolir ces bâtiments ?
Cette démolition était indispensable pour trois raisons principales :
Sécurité : Ces bâtiments étaient très vétustes, structurellement fragiles et ne répondaient plus à aucune norme de sécurité.
Espace : Il fallait libérer de la place pour construire les infrastructures modernes nécessaires au projet touristique (nouveau centre de maintenance, parkings pour les visiteurs, etc.).
Modernisation : Ce chantier symbolisait le passage de l’ère industrielle du charbon à la nouvelle vocation touristique du Petit Train de La Mure.
4. Qu’est-ce qui a été construit à la place des anciens hangars ?
Le site a été entièrement repensé pour l’accueil du public. À la place des anciens bâtiments, on trouve aujourd’hui :
Un nouveau centre technique moderne pour l’entretien des rames.
De vastes parkings pour accueillir les voitures et les bus.
Un parvis paysager et accueillant pour les visiteurs.
5. Ce chantier était-il lié à la réouverture du Petit Train de La Mure ?
Oui, totalement. La démolition de 2019 était la première étape visible et nécessaire du grand projet de renaissance du Chemin de fer de la Mure. C’était un prérequis pour moderniser le site et permettre la grande réouverture du train touristique, qui a eu lieu avec succès en 2021.
« Cette petite gare est donc un témoin précieux de l’héritage ferroviaire de la Matheysine... »
« …la gare de La Mure est aujourd’hui une élément incontournable sur le Petit Train de La Mure. »
« L’histoire de la gare de La Mure est indissociable de celle des mines de houille de La Mure. » (A venir)
« …ou à explorer les passerelles himalayenne pour ceux qui n’ont pas le vertige » (A venir)
« Pour préparer votre voyage et consulter les informations pratiques, rendez-vous sur le site officiel du Petit Train de La Mure.«
« La gare de La Mure est une excellente porte d’entrée pour découvrir les nombreux autres atouts touristiques de la région, comme le recommande l’Office de Tourisme de la Matheysine. »
« Pour une plongée encore plus profonde dans les détails techniques et historiques de la ligne, la page Wikipédia consacrée au Chemin de fer de la Mure est une ressource très complète. »
« Un passé minier aujourd’hui commémoré par le musée La Mine Image à La Motte-d’Aveillans. »
Les revues de la presse ferroviaire française ont abondamment couvert l’histoire, la fermeture et la renaissance de la ligne.
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