La grande Draye
Patrimoine naturel
Un affleurement est une zone où la roche du sous-sol est visible. Le plus souvent, cette roche est située plus en profondeur et recouverte par le sol, la végétation ou les constructions.
Cependant, cette roche du sous-sol a pu être mis à nu pour diverses raisons : érosion, glissement de terrain, séisme, action de l’homme.
La grande Draye est un affleurement du houiller du plateau matheysin est plus précisément de la grande couche.
Juste à côté se trouve une autre Draye d’après les relevés géologiques, on peut supposer qu’il s’agit de la couche Henriette.
Les hommes ont dû rapidement s’apercevoir que cette roche noire et friable pouvait s’enflammer.
Mais la combustion de celle-ci entrainer un dégagement de gaz dangereux, de facto l’utilisation du bois comme combustible continua.
L’activité de clouterie fut certainement la première à utiliser le charbon de terre, ce qui entraina les premières exploitations de ces couches affleurantes.
Nous avons un témoignage de ce début d’exploitation sans autorisation officielle par François Perrin-Dulac (1767-1824), Description générale du département de l’Isère, 1806, T1, pp 132 à 136. (Document consultable sur « Gallica – BNF ») :
[…] La plus considérable de ces mines, celle qui donne le charbon de la meilleure qualité, est connue sous le nom de la Grande-Raye, près le hameau de la Meyrie, commune d’Aveillans. Elle est au centre des mines de la Motte, Notre-Dame de Vaulx et de Pierre-Châtel, auxquelles elle parait communiquer.
Pendant longtemps, les mines de la Motte ont été exploitées au moyen de puits ; ce genre d’exploitation suffisait alors, parce que l’on ne faisait usage de la Houille, que pour alimenter les forges de la Mure, la Motte, Mens et pays environnants ; l’usage des poêles était encore inconnu, et les fourneaux n’employaient que du charbon de bois. Mais depuis trente à quarante ans, la cherté de ce dernier article, l’augmentation de sa consommation dans les manufactures de plâtre, I ‘introduction des poëles, dans tous les pays voisins de la Motte, ou à portée d’en tirer charbon, a fait changer la forme de I ‘exploitation. En 1768 ou 1769, on ouvrit une galerie horizontale, et depuis, cette époque, l’usage des puits s’est perdu.[…]
Les mines actuellement en exploitation, sont situées dans les communes de la Motte d’Aveillans, la Motte Saint-Martin, Notre Dame de Vaulx, Pierre-Châtel et Susville. Dans la commune de la Motte d’Aveillans, il y en a trois, auxquelles on travaille ; mais celle de la Grande-Raye est la seule importante : elle est dirigée par le propriétaire, qui y emploie régulièrement vingt-cinq ouvriers.[…]
Les mines de la Motte emploient, toute l’année, cinquante à cinquante-cinq ouvriers, qui gagnent, à proportion de leur travail, depuis 1 fr. 25 cent. jusqu’à 3 fr. ; mais les dispositions qu’ont à l’ivrognerie la plupart des hommes qui se livrent à cette occupation, les empêchent de profiter des avantages que présente ce genre d’exploitation.
Au moment de la distribution des concessions en 1806 la grande Draye était exploitée par un groupement de 12 habitants de la Motte d’Aveillans, de façon pas très efficace d’après ce qu’écrit E. Gueymard. Ils n’ont pas été reconnus pour la suite sous le prétexte qu’ils n’avaient jamais eu une autorisation officielle.
L’exploitation de la Grande Draye dans les normes les plus modernes a commencé dès l’attribution de la concession avec Jules Giroud puis avec son fils Henri Giroud.
Nous avons un témoignage par Emile Gueymard, Sur la Minéralogie, la Géologie et la Métallurgie du département de l’Isère, 1844, . (Document consultable sur « Gallica – BNF ») :
La concession de la grande Draye a été accordée le 4 juillet 1806 et confirmée depuis par un décret du 10 mars 1809. Elle est située sur la commune de la Motte d’Aveillans et comprend une étendue superficille de 276 hectares.
Le gîte qui forme la principale richesse de cette concession, est la plus belle couche d’anthracite qui existe dans les Alpes ; elle est repliée en zig-zag sur elle-même, de manière à présenter la forme d’un N dont les angles seraient arrondis. La branche presque verticales MN est appelée la grande Draye du nom d’un ravin qui existe à la surface. La partie moyenne NO a reçu le nom de faux Filon et la branche OP, située à gauche, celui de Rivoire. La direction moyenne de ces trois branches ou gîte est à peu près du nord au sud ; chacune d’elle constitue une exploitation distincte que nous décrivons séparément.
La grande Draye a une forte inclinaison vers l’ouest d’environ 80°. Elle se compose de deux veines d’anthracite l’une de 4 mètres, l’autre de 4,5 mètres, séparées entre elles par un banc de rocher continu, dont l’épaisseur varie depuis quelques décimètres jusqu’à 2 ou 3 mètres. On y a ouvert deux galeries aboutissant au jour, la plus élevée portant le nom de Galerie de la Bastille est destinée à l’exploitation de l’extrémité supérieure de la grande Draye. Cette partie du gîte est presque entièrement épuisée par de vieux travaux. Cependant comme les anciens extracteurs ne suivaient aucune marche régulière, ils ont laissé çà et là plusieurs massifs d’anthracite que l’on peut encore exploiter avec avantage. Ces travaux sont voisins de l’affleurement de la couche dont la trace est parfaitement marquée sur le Serre-de-Crest par une longue suite d’éboulements ; la seconde galerie dite des Trois embranchements aboutit à la partie moyenne du gîte. Lorsqu’elle sera achevée, elle traversera horizontalement les trois branches de la couche et établira une communication facile entre toutes les parties de cette vaste exploitation.
Les deux galeries précédentes ont été percées depuis peu de temps et renferment des chemins de fer. La galerie la plus basse dite de la grande Draye est très ancienne et sert aujourd’hui à l’écoulement ; elle a été percée dans le rocher entre le faux Filon et la grande Draye et fait communiquer avec le jour ces deux parties du gîte.
Le faux Filon a une inclinaison très variable vers l’est, qui le plus souvent approche de 30 à 40°.Sa puissance moyenne est d’environ 5 mètres ; il éprouve des serrées très fréquentes ; on n’est pas encore parvenu à l’endroit où il se réunit avec la branche précédente, mait tout indique que cette jonction a lieu un peu au-dessous de la galerie d’écoulement dont nous venons de parler. La jonction de faux Filon avec la Rivoire a lieu suivant une voûte arrondie dont l’arête culminante n’est pas une ligne droite horizontale. On observe qu’elle est sinueuse et qu’elle monte vers le nord suivant une pente moyenne de 15 centimètres par mètre.
La Rivoire a une inclinaison de 15 à 20° vers l’ouest et une puissance de 12 à 13 mètres. Elle est partagée comme la grande Draye en deux veine d’anthracite dont la plus petite a 2 mètres d’épaisseur. Le banc de rocher qui les sépare a ordinairement 3 à 4 mètres ; sur quelques points il manque totalement et les deux veines de combustible se trouvent alors réunies. La galerie principale servant à l’extraction du charbon a aujourd’hui plus de 600 mètres de longueur suivant la direction de la couche dont elle n’a pas encore atteint les limites. On y établit un chemin de fer dans toute son étendue. Le massif d’anthracite situé au-dessus est divisé en plusieurs étages d’exploitation qui, près du jour, sont presque entièrement épuisés. Au-dessous de la galerie d’extraction, la couche de la Rivoire continue à s’enfoncer, mais elle n’a pas été explorée plus avant.
Outre le gîte dont nous venons de parler, on exploite dans la concession de la grande Draye, une autre couche dite du Crest qui se prolonge dans la concession de Comberamis ; elle est dirigée vers le nord-ouest et plonge fortement vers le sud sud-ouest. Cette couche n’a guère que 1,5 m de puissance, mais elle fournit du combustible de bonne qualité.
La Galerie de la Bastille correspond à la galerie 8 bis
Galerie des trois embranchements correspond à la galerie du niveau 8 et à la galerie du niveau 8 maison.
Galerie de la Grande Draye et galerie de la Rivoire correspond aux galeries du niveau 9, 9 bis et 9 ter.
L’ensemble de ces galeries exploitées, la grande couche.
L’exploitation de la grande couche sera la seule à être rentable économiquement., la rentabilité de l’exploitation des autres couches ne se révèlent pas aussi rentables.
Cette rentabilité permettra la formation de la Compagnie des mines qui va regrouper les meilleures concessions. En 1869 on compte 300 à 350 mineurs dans les mines de la Grande Draye.
La grande Draye est un affaissement minier visible en surface d’une longueur que l’on peut estimer entre 800 et 900 mètres pour une largeur variant entre 10 et 30 mètres sur une profondeur moyenne de 30 mètres pouvant atteindre 40 mètres par endroit.
Cet éboulement correspond à l’effondrement de la grande couche exploité sur la galerie d’allongement du niveau 7.
D’autres éboulements liés à l’exploitation sont visibles dans la même zone comme la Draye de la couche Henriette.
En bleu, les contours de la Grande Draye.
Informations pratiques
Fiche technique
La grande Draye
Village :La Motte d’Aveillans
Nom du lieu :
Accessible : Oui
Commentaires : La zone est plus facilement visitable en hiver
Coordonnées lat : 44.969841
Coordonnées lon : 5.745166
Plan de situation