L’existence d’une liaison souterraine directe entre les galeries des Merlins et de Serre Leysson constitue un témoignage avéré et passionnant de l’activité minière passée dans cette région. Ce raccordement, permettant une traversée complète de la crête de Pierre Plantée, revêt un caractère véritablement exceptionnel qu’il convient de souligner.

D’une part, nous disposons du précieux témoignage d’une ancienne habitante des Merlins qui atteste avoir elle-même effectué cette traversée à 13-14 ans seulement. Son récit, empreint d’une aura presque mythique de « traversée fantastique à travers les entrailles de la terre », confère une dimension quasi légendaire à cette prouesse technico-minière. Son père travaillant sur place, elle eut l’insigne privilège de déambuler dans ces galeries reliées comme un voyage initiatique.

D’autre part, les vestiges encore visibles aujourd’hui, tels que le razzier à l’entrée ou les données techniques sur la galerie de Clarafin, viennent étayer la réalité de cette connexion hors-norme. Malgré son effondrement actuel, on peut aisément retracer son tracé d’environ 1200 à 1300 mètres transpercant littéralement le relief montagneux.

Cependant, un mystère demeure quant aux éventuelles autres liaisons présentes dans le réseau souterrain de Serre Leysson. S’agissait-il d’un cas isolé ou l’exploitation minière multiplia-t-elle ces audacieuses galeries transpercant la montagne à différents niveaux ? Une interrogation légitime, encore en suspens, qui ne fait que renforcer la dimension fascinante de cette prouesse technique.

Quelle que soit l’étendue réelle du réseau, ce lien avéré entre les Merlins et Serre Leysson force le respect et l’admiration envers le labeur et l’ingéniosité déployés par les mineurs de l’époque. Une véritable signature dans la roche, un legs exceptionnel qu’il nous faut apprécier, valoriser et transmettre aux générations futures.

Les incohérences relevées entre nos observations de terrain et les données fournies par le BRGM soulèvent des interrogations légitimes quant à la fiabilité et l’exhaustivité des informations disponibles sur ce riche patrimoine minier.

Premièrement, les écarts d’altitude non négligeables constatés entre les mesures effectuées et les cotes altimétriques mentionnées dans les documents, tant du côté de Serre Leysson (1332m au lieu de 1328m) que des Merlins (1345m au lieu de 1328m), constituent un élément interpellant. De tels écarts remettent en cause la précision des relevés initiaux ou supposent des évolutions topographiques mal prises en compte.

Deuxièmement, et de manière encore plus probante, l’absence sur le terrain de traces du sondage de Ravel 1 pourtant répertorié comme traversant ou débouchant dans la galerie pose directement la question de l’exhaustivité des données de référence. Comment expliquer une telle omission ou erreur manifeste dans le recensement d’un ouvrage aussi conséquent ?

Face à ces incohérences avérées, il devient légitime de s’interroger sur la qualité et la fiabilité des informations actuellement disponibles. S’agit-il de simples imprécisions accidentelles ou cela reflète-t-il des lacunes bien plus profondes dans l’inventaire et l’étude de ce patrimoine séculaire ? Une mise à jour complète des données semblerait indispensable pour disposer d’une connaissance fidèle et exploitable.

Au-delà, ces manquements interrogent sur les moyens alloués à la préservation de ces trésors industriels. N’y aurait-il pas un désintérêt manifeste, voire un laisser-aller dommageable vis-à-vis de ce pan de notre histoire collective ? À l’heure où le patrimoine minier connaît un regain d’intérêt dans de nombreuses régions, il serait regrettable que celui-ci reste encore une fai délaissée.