La fin des mineurs en France

The end of the miners in France

Le dernier mineur de France va remonter du puits en 2004
Vendredi, en fermant la mine de la Houve, la France fera une croix sur son charbon. Une croix de Lorraine.
On y est, tout est presque poussière, souvenirs, crassier. Tout est classé. Vendredi, en fin de journée, la dernière tonne de charbon extraite du sol français sera remontée du puits de la Houve. Elle aura paradé sa noirceur sur le tapis roulant de Porcelette devant 2 500 invités. Suivie par l’ultime équipe de jour portant à bout de bras la statue de Sainte-Barbe qui nichait dans son alcôve à 500 mètres sous terre. Et voilà. Terminus, tout le monde remonte.
Ainsi s’achèvera une longue aventure industrielle qui aura duré trois siècles ou peu s’en faut. Le Nord – Pas de Calais avait ouvert les veines de la terre au temps de Germinal. La Lorraine, terminal de cette saga, referme la dernière faille.
Depuis l’automne dernier et les derniers jours de Merlebach, les Houillères de Lorraine préparaient l’ultime jour de l’ultime puits. La Houve a eu le redoutable honneur de clore une histoire souterraine qui s’achève à Creutzwald, pays de Moselle, terre de Lorraine : « Toutes les industries savent qu’elles sont mortelles. Nous, nous savions la date », commentent, dignement, les hommes des entrailles.
Car tout le monde était prévenu là-bas. Tout le monde savait, depuis dix ans, que le Plan charbonnier, signé en 1994 avait programmé la fin du charbon français. Trop cher, trop difficile à extraire, trop dangereux, trop profond. De plein gré, les mineurs ont signé l’arrêt de mort de leur métier. Dans les vallées de Moselle, aujourd’hui, on trouve des retraités de 42 ans qui doivent se réinventer une seconde vie.
« Ça fait quoi ? Un vide, un grand vide à combler », lâchent ces hommes qui ont tapé dedans jusqu’au dernier jour avec, en tête, l’idée que « depuis des générations, on a tous tété la même mère qui n’a plus de lait à nous offrir aujourd’hui ». Là-bas, la cokerie qui emploie encore 600 personnes vient d’être cédée à un groupe allemand. Les Houillères vendent tout ce qui peut l’être : les logements, 300 km de voies ferrées, les chevalets. Mais pas les souvenirs : un musée va ouvrir au bord de la frontière allemande et tout le monde est d’accord là-dessus : « On prendra le temps et on se donnera les moyens de faire notre deuil. »
Le week-end prochain, après l’intense moment de la dernière remontée et un spectacle donné par les mineurs eux-mêmes vendredi soir, le puits de la Houve ouvrira ses grilles aux gens du pays. On viendra en famille, le dimanche, déambuler là où des anciens ou des pères ont travaillé dur et dignement. On viendra respirer cette odeur du travail qui traîne encore dans les couloirs et la salle des pendus où ne s’accrocheront plus les bleus.
Vendredi, la dernière douche réunira le dernier carré des costauds du fond. Ils feront comme ils font à chaque fois : ils chanteront des chants qui viennent du fond des âges. Ils se frotteront mutuellement le dos car les mineurs, en surface, comme au fond, ont porté un monde où la solidarité épaule, où la camaraderie était la loi. Où chacun faisait en sorte que tout le monde remonte vivant.
Puis, à 900 mètres sous la terre, les nappes de Lorraine vont envahir doucement les boyaux. A raison de 20 m3 par mois, la Houve va se remplir en deux ans. En 2006, et pour la fin des temps, un lac souterrain se sera formé dans les galeries du courage…
François SIMON Ouest France

The last miner France will rise from the wells in 2004
Friday , closing the mine Houve , France will make a cross on his coal. A cross of Lorraine .
There is , everything is almost dust, memories heap . Everything is closed. Friday , late in the day , the last ton of coal extracted from French soil will rise in the well of the Houve . She has paraded its blackness on the treadmill Porcelette to 2500 guests. Followed by the final on day shift at arm statue of Sainte- Barbe in alcove nestled 500 meters underground. And here . Terminus , everyone goes .
Thus will end a long industrial adventure that lasted three centuries or nearly so . Nord – Pas de Calais had opened the veins of the earth at the time of Germinal . Lorraine terminal of this saga , closed the last loophole .
Since last fall , and the last days of Merlebach the collieries Lorraine preparing the final day of the ultimate pit . The Houve had the dubious honor of closing an underground story ends at Creutzwald countries Moselle , Lorraine earth :  » All industries know they are deadly. , We knew the date ,  » commented , dignity , men of guts .
Because everyone was warned there. Everyone knew the last ten years , the coal Plan signed in 1994 had scheduled the end of French coal. Too expensive, too difficult to remove , too dangerous , too deep. Voluntarily , the miners have signed the death warrant of their profession. In the valleys of the Moselle , today , there are 42 retirees who must reinvent a second life.
« It’s what? A vacuum, a void to fill ,  » unleash the men who tapped it in until the last day , headed the idea that » for generations, we all sucked the same mother has no milk to offer us today.  » There, the coking plant still employs 600 people has just been sold to a German group. The Collieries sell anything that can be : housing, 300 km of railways, easels . But not the memories will open a museum near the German border and everyone agrees on this: « It will take time and will give you the means to do our mourning. «
The next weekend, after the intense moment of the last rise and given by the miners themselves Friday night show, the well of the Houve open its gates to the locals . It comes with family on Sunday , strolling where elders or fathers worked hard and with dignity. We will breathe the smell of work still lingers in the corridors and hanging room where not hang over the blues.
Friday, the last shower meet the last four beefy bottom . They will do as they do every time: they sing songs that come down through the ages . They rub each other the back as miners on the surface as the background , brought a world where solidarity shoulder , where camaraderie was the law. Where everyone made ​​sure everyone back alive.
Then , 900 meters under the ground, groundwater Lorraine will slowly invade the gut . A rate of 20 m3 per month , the Houve will complete in two years. In 2006 , for the end of time, an underground lake is formed in the galleries courage …
François SIMON Ouest France