Charles Lory

Charles Lory

Charles Lory (1823-1889), fondateur de la géologie alpine à Grenoble )

D’origine bretonne, il passa l’agrégation de Sciences physiques et fut nommé au lycée de Grenoble puis à Poitiers et Besançon.
Pendant son séjour à Grenoble, il suivit les cours d’Emile Gueymard qui le remarqua pour les qualités exceptionnelles qu’il manifestait en géologie et lui proposa un sujet de thèse sur les terrains crétacés des environs de Grenoble, thèse qu’il soutint en 1848.
Il succéda à E. Gueymard l’année suivante dans une chaire désormais baptisée » Géologie et Minéralogie « .
Le laboratoire dans lequel il s’installait était toujours celui de son prédécesseur, qui servit de 1819 à 1879.
Laboratoire était un bien grand mot.
La géologie était installée dans un ancien couvent des dominicains, rue de la Halle (disparue de nos jours, elle se trouvait à l’emplacement de l’actuelle rue Philis de la Charce).
Les professeurs de toutes les disciplines scientifiques ne disposaient que d’une seule salle de cours, basse de plafond et assez obscure, complétée par un petit laboratoire pris sur le logement du concierge et équipé de façon plus que sommaire.
C’est seulement en 1879 que les Sciences naturelles furent transférées dans le nouveau Palais de l’Université qui venait d’être construit place de la Constitution (l’actuelle place de Verdun). Les locaux de la géologie étaient certes plus vastes mais ce n’était qu’une longue suite de mansardes situées sous les toits, chaudes en été, froides en hiver.
On put cependant commencer à les équiper de meubles à collections et de vitrines .
De ces mansardes on accédait, sur le toit du palais, à une petite terrasse d’où l’on pouvait voir le panorama des montagnes du bassin grenoblois.
Charles Lory ne ressemblait guère à son prédécesseur.
Autant celui-ci était d’un abord facile et plaisant, parlant volontiers et avec facilité de sujets variés, autant Lory était taciturne et bougon.
Il ne forma d’ailleurs aucun élève, si ce n’est son fils, Pierre Lory, que l’on évoquera plus loin mais dont la carrière de géologue fut modeste.
Charles Lory avait devant lui une tâche redoutable car il aborda la chaîne à un moment où elle était pratiquement inconnue, d’accès difficile (c’était encore l’époque des diligences ) et mal cartographiée (les fonds topographiques au 80 000e, apparus à partir de 1833, n’étaient pas encore tous disponibles dans les Alpes : la feuille Grenoble, par exemple, ne fut gravée qu’en 1852).
De plus, les principes de la géologie étaient à peine esquissés, la valeur des fossiles discutée et, par là même, l’échelle stratigraphique balbutiante.
Quant aux figures tectoniques nécessaires pour l’interprétation des structures, Ch. Lory ne disposait que des failles et plis observés par lui dans le Jura lors de son séjour à Besançon.
La tectonique tangentielle et les écaillages étaient bien évidemment ignorés.
On ne comprenait donc pas les intercalations tectoniques de couches d’âge différent, les unes dans les autres, par exemple des schistes liasiques à bélemnites dans des grès houillers à plantes.
On fait allusion ici à la célèbre » affaire de Petit Coeur « , du nom d’une carrière située en Tarentaise, près de Moûtiers, et de la polémique qu’elle déclencha pendant 30 ans, de 1828 à 1858, sur la valeur stratigraphique réelle des fossiles et donc de leur utilisation en stratigraphie.
Charles Lory, qui croyait à la valeur des fossiles, se heurta à des adversaires puissants et coriaces comme L. Elie de Beaumont.
Un véritable schisme plana un moment sur le bien-fondé de l’outil paléontologique et Charles Lory en fut profondément troublé avant d’apporter les explications qui mettaient un terme au débat.
Il put en effet observer, dans le massif du Mont Blanc et les Alpes bernoises, des intercalations de schistes liasiques et de granite, qui étaient là indéniablement tectoniques et apportaient la solution de l’affaire de Petit Coeur.
Que dire alors des formations métamorphiques si fréquentes à l’intérieur de l’arc alpin, notamment celle des » Schistes lustrés » du pays piémontais.
Certes des auteurs antérieurs à Charles Lory (comme Brochant de Villiers, en 1808, professeur à l’école des mines de Peisey, en Tarentaise, alors établie à Moûtiers, ou Ami Boué en 1833) avaient eu l’intuition que ces Schistes lustrés n’étaient pas des terrains » primitifs » mais des formations mésozoïques » altérées « .
Le débat restait cependant confus et Ch. Lory n’y apporta pas grand-chose si ce n’est qu’il attribuait ces schistes au Trias parce qu’il les voyaient, ici et là, pincés entre les » grès anthracifères » (Houiller briançonnais) et les vrais calcaires triasiques (soit briançonnais, soit piémontais comme on le sait maintenant).
En définitive, le principal mérite de Ch. Lory est double.
Tout d’abord, il établit, sur des bases paléontologiques solides, l’échelle stratigraphique des chaînes subalpines, une échelle qui servira de base à tous les travaux ultérieurs et lui permit de dessiner des coupes traduisant bien la structure des chaînes subalpines aux environs de Grenoble.
Ensuite, et surtout, il a présenté un premier schéma de l’organisation générale des Alpes en y distinguant un certain nombre de zones parallèles, séparées les unes des autres par de grands accidents dans lesquels il ne voyait évidemment que des failles, mais qui, pour lui, étaient d’origine ancienne, c’est-à-dire qu’elles auraient séparé, dès l’origine, des domaines de sédimentation différents, jouant en surrection ou en affaissement suivant les points ou les époques, ce qui annonçait les conceptions modernes.
Ces domaines étaient les suivants, d’ouest en est
Charles Lory :
Actuellement :
Chaînes subalpines
1e zone : massifs centraux cristallins (Z. du Mt Blanc)
massifs cristallins externes
2e zone : schistes de Tarentaise et du Valais, recouverts au Tertiaire et vers le sud, par les dépôts d’un golfe flysch de l’Embrunais marin (grès de l’Embrunais)
zone valaisanne, subbriançonnaise
3e zone : grès anthracifères
zone houillère briançonnaise
4e zone : zone du Briançonnais ou du Mt Rose
zones briançonnaise, piémontaise (Sch. Lustrés)
massifs cristallins internes

Ces résultats, tant stratigraphiques que structuraux, furent exposés dans un ouvrage qui fit date dans l’histoire de la géologie alpine , « Description géologique du Dauphiné « , paru en plusieurs livraisons entre 1860 et 1864.
Elle fut ultérieurement complétée par d’autres publications synthétiques et la première carte géologique du Dauphiné, bientôt suivie par les feuilles régulières au 80 000e des environs de Grenoble (f . Grenoble et Vizille, dont les fonds topographiques dataient respectivement de 1852 et 1866).
Les idées de Charles Lory furent présentées à la communauté géologique de l’époque lors de la célèbre réunion extraordinaire de la Société géologique de France en 1861, à St Jean-de- Maurienne, où il apparut comme le meilleur connaisseur des Alpes françaises. Une nouvelle réunion de la Société, en 1881, lui permit de préciser quelques points mais l’essentiel était établi et confirmé.
Ce fut la dernière joie de sa carrière scientifique. Sa santé, un échec relatif d’insertion parmi les professeurs de l’Ecole Normale Supérieure de Paris, la mort de sa fille aînée après celle, bien antérieure , de sa femme, l’affectèrent profondément. Malgré un sursaut tardif d’activité où il étendit ses travaux à la Savoie, il mourut en 1899, à 66 ans et à la veille de sa retraite, d’une congestion pulmonaire.

Charles Lory (1823-1889) , founder of Alpine geology Grenoble)

Originally from Brittany , he spent the aggregation of Physical Sciences and was appointed to the High School at Poitiers and Grenoble and Besançon .
During his stay in Grenoble, he attended Emile Gueymard noticed that for the exceptional qualities he showed in geology and offered him a thesis on cretaceous around Grenoble thesis he supported in 1848 .
He succeeded E. Gueymard the following year in a chair now called  » Geology and Mineralogy  » .
The laboratory in which he sat was always that of his predecessor , who served from 1819 to 1879.
Laboratory was a big word .
Geology was installed in a former convent of the Dominicans, rue de la Halle (extinct nowadays, it was the site of the present Philis Charce the street ) .
Teachers of all scientific disciplines had only one classroom, a low ceiling and rather obscure , supplemented by a small laboratory took on the caretaker’s lodge and equipped more than summary.
It was only in 1879 that the natural sciences were transferred to the new Palace of the University that had been built instead of the Constitution (now Place de Verdun ) . Local geology were certainly larger but it was a long series of attic under the roof , hot in summer , cold in winter.
However, we could begin to equip furniture collections and showcases.
These attic was reached on the roof of the palace, a small terrace where you could see the panorama of the mountains of Grenoble area .
Charles Lory bore little resemblance to its predecessor.
As it was an easy and pleasant first speaking willingly and with ease various subjects , as Lory was taciturn and grumpy .
There are also no student training , if not his son , Pierre Lory , we will discuss later, but whose career as a geologist was modest.
Charles Lory had before it a daunting task as it approached the chain at a time when it was virtually unknown , difficult to access ( it was still the stagecoach era ) and poorly mapped ( topographic funds 80 000th , appeared to from 1833 were not yet available in all the Alps : the Grenoble sheet, for example , was engraved in 1852 ) .
In addition, the principles of geology were barely sketched , the value of fossils discussed and , thus , the stratigraphic infancy .
As tectonic figures for interpretation structures , Ch Lory had only faults and folds observed by him in the Jura during his stay in Besançon .
The tangential tectonics and spalling were obviously ignored.
We therefore did not understand the tectonic intercalations of different age layers into each other , for example in Liassic shales bélemnites in coal sandstone plants.
It refers here to the famous  » affair Petit Coeur  » , the name of a quarry located in the Tarentaise , near Moutiers, and the controversy it sparked for 30 years, from 1828 to 1858 on the actual stratigraphic value fossils and therefore their use in stratigraphy.
Charles Lory , who believed in the value of fossils, met with strong and tough opponents as L. Elie de Beaumont .
A real schism plana a moment on the merits of the paleontological tool and Charles Lory was deeply troubled before making the explanations put an end to the debate.
He could indeed observe in the Mont Blanc massif and the Bernese Alps , interbedded shale and granite Liassic who were there definitely tectonic and brought the solution of the case of Petit Coeur .
What about the so frequent within the Alpine metamorphic formations , including that of  » Shale glossy  » Piedmontese country.
While previous authors Charles Lory ( as Brochant Villiers in 1808 , professor at the School of Mines Peisey , Tarentaise , Moutiers then established , or Ami Boué in 1833 ) had the intuition that these shales glossy n were not primitive land  »  » but Mesozoic  » altered  » .
However, the debate remained confused and Ch Lory did not bring them much if not he attributed these shales in the Triassic because he saw here and there , pinched between the  » sandstone anthracifères  » ( Coal Briançon ) and real Triassic limestone (ie briançonnais or Piedmont as we know now ) .
Ultimately, the main merit of Ch Lory is twofold.
Firstly , it establishes , on solid paleontological bases, the stratigraphic subalpine chains, a scale that serve as the basis for all subsequent work and allowed him to draw cuts reflecting well the structure of subalpine chains around Grenoble.
Secondly and most importantly , he presented a first outline of the general organization of the Alps are distinguishing a number of parallel zones , separated from each other by major accidents in which he evidently saw as faults , but which for him, were of ancient origin, that is to say they would separate from the outset , different areas of sedimentation , playing uplift or subsidence following points or periods , which announced the modern designs.
These areas were as follows , from west to east
Charles Lory :
currently:
subalpine chains
1st zone: central crystalline massifs (Z. Mt Blanc )
external crystalline massifs
2nd zone: Shale Tarentaise and Valais covered Tertiary and to the south by the Gulf flysch deposits of marine Embrunais ( sandstone Embrunais )
Valais area , subbriançonnaise
3rd zone: sandstone anthracifères
briançonnaise coal zone
Zone 4 : Briançon area or Mt Rose
briançonnaise areas, Piedmont ( Fig. Glossy )
internal crystalline massifs

These results , as structural stratigraphic that were exposed in a book that was a milestone in the history of Alpine geology,  » Geological Description Dauphiné  » , published in several deliveries between 1860 and 1864.
It was later supplemented by other synthetic publications and the first geological map of the Dauphiné , soon followed by regular sheets 80 000th around Grenoble ( f . Vizille and Grenoble , the topographical funds dated 1852 and 1866 respectively ) .
Charles Lory ideas were presented to the geological community of the time when the famous extraordinary meeting of the Geological Society of France in 1861, in St Jean -de- Maurienne , where he appeared as the best connoisseur of French Alps. A further meeting of the Company in 1881 , allowed him to clarify a few points but the key was established and confirmed .
This was the last joy of his scientific career . Health, a relative failure of insertion among the professors of the Ecole Normale Supérieure in Paris , the death of his elder after that , long before , his wife, daughter, affectèrent deeply. Despite a late business where he extended his work at the Savoy start, he died in 1899 at age 66 and on the eve of his retirement , pulmonary congestion.