Un Projet Ambitieux au Cœur des Alpes
La construction de la ligne de chemin de fer La Mure – Corps se heurta à un obstacle de taille : la profonde vallée de la Roizonne. La solution retenue fut l’édification d’un viaduc de 120 mètres de haut, à l’endroit le plus étroit de la gorge.
Le projet fut confié à Paul Séjourné, un architecte renommé qui, à l’inverse de la tendance de l’époque portée par Gustave Eiffel et le métal, était un fervent défenseur des ponts en maçonnerie. Son plan était audacieux : une arche centrale de 80 mètres d’ouverture, flanquée de deux viaducs d’accès en courbe.
Le chantier, lancé en 1913, connut rapidement des péripéties. Une proposition d’élargissement pour en faire un pont rail-route, soutenue localement mais refusée par le député, fut étudiée puis abandonnée en 1914, causant un premier retard. La largeur fut maintenue à 4,50 m, avec une circulation routière conditionnée au passage des trains, annoncés par des signaux sonores.
Mais c’est surtout le contexte historique qui ralentit les travaux. La Première Guerre mondiale, l’inflation galopante et les faillites d’entreprises transformèrent ce qui devait être un chantier de trois ans en une épopée de plus de dix ans.